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Professionnels de l'enfance et Ma Tartine à 4 heures, l'accompagnement personnalisé au cœur de nos valeurs.

Professionnels de l'enfance et Ma Tartine à 4 heures, l'accompagnement personnalisé au cœur de nos valeurs.

27 Oct 2021 Interview

Ma Tartine à 4 heures c’est un Webshop, une boutique physique mais également un soutien à l’éducation de l’enfant via les réseaux sociaux ou via ce blog. Très régulièrement, nous répondons à différentes demandes de professionnels dans leurs recherches de matériel. Il nous tient à cœur d’accompagner aux mieux les choix destinés à diversifier et élargir la vision de chacun. Que ce soit pour une salle d’attente, une classe, une structure d’accueil, une salle de psychomotricité ou de rééducation, un accompagnement au sein des familles, nous prenons le temps de guider ces demandes afin qu’elles apportent une qualité d’achat aux objectifs fixés.

Ces échanges apportent très souvent une qualité supplémentaire à notre travail, et il me semblait important de partager via cet article un retour sur expérience vécue.

Bonjour Delphine, pouvez-vous vous présenter ?

Bonjour Coralie,

Je m’appelle Delphine, j’ai 41 ans et je suis responsable du secteur préscolaire dans un réseau d’accueil du Nord vaudois. Après avoir accompagné durant 10 ans des enfants entre 3 mois et 5 ans en structure d’accueil, j’ai eu la chance de décrocher un poste de responsable de structure préscolaire et de pouvoir accompagner au quotidien les équipes éducatives dans leurs questionnements, leur développement et leurs projets. Être responsable de structure m’a permis de donner ma « couleur » à l’accueil de jour, de repenser l’accueil des enfants sous les lumières des neurosciences et de l’approche Reggio Emilia dans le but de permettre encore et toujours à l’enfant d’être acteur de son développement et de développer son unicité.

 

Delphine, nous avons eu le grand bonheur d’échanger plusieurs fois concernant les valeurs et engagements que vous souhaitiez insuffler dans vos équipes. Pouvez-vous l’expliquer à nos lecteurs?

Il est important pour moi que les enfants puissent être accueillis dans un environnement composé d’espaces d’expérimentations qui soutiennent leur développement et leur permettent d’appréhender le monde à leur manière et à leur rythme. Pour que cela puisse se concrétiser sur le terrain, il faut apporter de la matière à réflexion aux équipes, ouvrir le champ des possibles et soutenir leurs démarches éducatives. Le plus grand travail repose sur les épaules des équipes éducatives qui font de chaque journée une journée unique et riche en expériences pour les enfants. Créer des univers d’expérimentations pour les enfants demande une énorme capacité d’adaptation, de se réinventer au jour le jour et de sortir de notre vision parfois biaisée d’adultes expérimentés.

L’enfant apprend par mimétisme et ses neurones miroirs, qui lui permettent de faire comme l’Autre (enfant ou adulte), enrichissent sa connaissance du monde. Il est donc de notre devoir de penser les espaces sous forme d’apprentissage permanent et de faire de chaque instant un moment de découverte pour les enfants. Les temps d’attente n’ont pas leur place dans une collectivité petite enfance.

Tout ceci implique une envie de construire quelque chose ensemble pour le bien-être des enfants. Cela demande aux équipes d’oser essayer de nouvelles pratiques, de faire des erreurs et de recommencer, d’apprendre les uns des autres (parents, enfants, collègues, professionnels, etc.). Ensemble, les idées sont toujours plus riches et… plus folles.

 

Et suite à cela pouvez-vous nous faire un retour sur les expériences faites par vos équipes concernant le jeu libre au sein de vos structures ?

 

La libre exploration éducative (ou jeu libre) est tout un programme à elle toute seule. La libre exploration éducative demande une réflexion et de nombreuses observations des professionnels pour créer des espaces d’expérimentation adaptés aux enfants en pleine construction cognitive, émotionnelle, motrice, créatrice, sensorielle et tellement d’autres encore. Pour se faire, les professionnels prennent en compte 4 facteurs primordiaux : la posture qu’ils ont durant ces périodes de découverte, l’aménagement de l’espace, les objets à disposition, et l’organisation de ces moments si précieux pour le développement des enfants.

Ces dernières années, un énorme travail a été fait par les équipes éducatives pour proposer des objets et du matériel qui permettent aux enfants de faire des expériences à leur rythme, de pouvoir les répéter plusieurs fois seul ou en groupe tout en leur permettant une liberté de mouvements. L’idée est de permettre à l’enfant de passer d’un objet à un autre, d’une activité à une autre en fonction de ses besoins et de ses envies, avec le moins de contraintes possibles. Pour éviter les frustrations et les colères liées au partage d’objets, les professionnels ont équipé leur groupe avec des objets en quantité suffisante (la quantité varie en fonction du groupe et des compétences des enfants) et veillent à limiter les panels de couleur pour un même objet.

Une importance particulière a été mise sur le choix des matières en privilégiant les plus naturelles possibles et aussi celles qui limitent les nuisances sonores (éviter les cubes en bois dans une caisse en plastique par exemple).

Le choix des règles est aussi primordial pour permettre aux enfants de faire des expériences positives. Si un professionnel s’entend dire plusieurs fois « non »  lors d’un moment de libre exploration éducative ou de gérer trop souvent des conflits entre enfants, c’est un des marqueurs qui montre que l’espace ou les objets à disposition ne sont plus adaptés à ceux-ci. Il est de ce fait important d’avoir un stock de matériel à disposition permettant ainsi d’amener une nouveauté et de changer la dynamique d’un espace. Pour prendre conscience de cela, les professionnels doivent être réellement présents durant les moments de libre exploration éducative, être dans le « ici et maintenant » en adoptant une posture proche du sol et rassurante, tout en évitant des va-et-vient inutiles qui perturbent les enfants durant leurs explorations. Ils font partie intégrante de la découverte des enfants et influencent le déroulement de ces moments.

Le choix d’objets pouvant avoir une multitude de fonctions est intéressant pour les équipes éducative car il permet de relancer le jeu et de passer à une autre dynamique tout en gardant une partie du matériel. Par exemple, un stapelstein peut tour à tour être : un caillou sur lequel on marche pour échapper aux crocodiles, un panier pour partir en balade, un casque pour jouer au pompier, un support pour grimper dessus et voir les choses de plus haut, une boite pour cacher son doudou, former une tour derrière laquelle se cacher, etc.

 

 

Si grâce à cet article vous pouviez inspirer d’autres structures telles que les vôtres en Suisse, quels seraient les conseils que vous souhaiteriez transmettre ?

Chaque structure est soucieuse de la qualité d’accueil des enfants et compose avec les contraintes architecturales, financières et celle qui sont liées au taux d’encadrement. Il est parfois difficile de composer avec tout cela mais une chose est sûre : il faut oser essayer de changer les choses à son niveau ! Pour chaque problématique, il existe non pas une mais plusieurs solutions. Elles ne sont pas forcément visibles tout de suite. Mais en essayant, en innovant, des étincelles viennent illuminer un nouveau chemin rempli de possibilités. La perfection ne se crée pas d’un claquement de doigts mais à force d’essai, d’erreur et de recommencement.

Dans chaque structure, des actions magiques sont mises en place pour les enfants. Osons documenter nos pratiques et les rendre visibles pour les partager et valoriser les compétences des enfants !

 

Dans un monde idéal comment quels sont vos rêves et vos aspirations pour les structures d’accueil de demain ?

Dans un monde idéal, que j’espère pas si loin de celui dans lequel nous vivons, je rêve de structures d’accueil qui puissent réellement suivre le rythme de l’enfant. Que les journées ne soient plus dirigées par une montre mais plutôt par les besoins physiologiques des enfants, comme cela se passe déjà dans de nombreuses Nursery. Que l’accueil de jour des enfants soit organisé pour et avec eux. Que des cent langages de l’enfant, notion si cher à Loris Malaguzzi (enseignant et pédagogue italien, approche Reggio Emilia), on ne leur en vole plus 99.